29 novembre 2007

Petit mot sur les devoirs à la maison

Dans La Presse d'hier, Nathalie Collard se questionne sur la pertinence des devoirs au primaire. Elle n'est pas la première à le faire, ni la dernière (par exemple, voir surtout ici, et . Tout a peut-être déjà été dit à ce sujet, mais le malaise reste toujours.

Je retiens d'abord ceci de son texte:

Des recherches démontrent que l’enfant qui performe bien à l’école ne retirera pas grand-chose de la période de devoirs. Celui qui éprouve des difficultés, qui évolue dans un milieu défavorisé, ou dont les parents ne sont pas en mesure de l’aider risque pour sa part de ne pas faire ses devoirs ou alors de mal les faire. Dans les deux cas, l’exercice s’avère inutile.

Le mot «inutile» va un peu loin. Dans mon cas, quand j'étais petite, les devoirs étaient l'occasion de montrer à mes parents ce que j'avais appris. Il y a certes d'autres façons d'informer les parents sur ce que font leurs enfants en classe, mais les devoirs en sont une, même si ça fait partie des responsabilités des parents de s'informer de que son enfant fait à l'école.

Nathalie Collard souligne également, avec justesse, qu'il y a d'autres façons d'apprendre à la maison, seul, avec les frères et soeurs, en famille ou entre amis (jeux, sorties au musée, en nature, à la bibliothèque, etc.)

Son dernier argument «anti-devoirs» me plaît aussi:

La période des devoirs est également un obstacle supplémentaire pour les parents qui désirent aider leur famille à lutter contre la sédentarité. Ce temps passé assis à compléter des exercices pourrait être consacré à la pratique d’un sport, à une promenade, à une séance de natation ou de patin…

Ça serait génial si on savait que le temps libéré par le fait d'avoir moins de devoirs allait servir à bouger plus, cuisiner plus, lire plus... Mais je doute que ce soit le cas pour toutes les familles.

Je pourrai probablement en dire davantage quand mes enfants iront à l'école et qu'ils auront (c'est sûr à 100%) des devoirs.

20 novembre 2007

Choisir sa voie, malgré papa

Opération « Portes ouvertes » hier soir au Cégep de Sainte-Foy, où j'enseigne la physique depuis l'automne 2005. Pour plusieurs élèves qui termineront cette année leur secondaire, c'est l'occasion de choisir un cégep et un programme d'études. Décision facile pour la plupart, véritable casse-tête pour certains.

Je faisais partie de l'équipe d'enseignants qui accueillaient les futus collégiens et leurs parents pour répondre à leurs questions et bien sûr, vendre notre cégep et nos programmes. Voici quelques « cas » rencontrés hier, du plus simple au plus troublant. Mais dans chacun, on perçoit une crainte de se tromper, une peur de l'échec et l'angoisse devant la perspective de faire le « mauvais choix ».

J'ai une moyenne de 75% en secondaire V, vais-je réussir en Sciences de la nature?

Une réponse rassurante rend le papa tout heureux. Avec une bonne méthode de travail, de la motivation, et en utilisant les ressources d'aide dans le cégep, tout le monde peut réussir. C'est ce que je crois profondément.

Je sais que je veux être orthophoniste plus tard et c'est très contingenté. Quelle voie suivre pour avoir la meilleure cote R ?

Aie! Quelle pression sur les épaules d'une jeune fille de 16 ans... C'est parfois cruel, ces histoires de cote R (une cote Z améliorée). Tu tombes par hasard dans un groupe très fort, ça fait baisser ta cote R de 1 ou 2 dixièmes de points, et te voilà obligé de faire un détour pour arriver à tes fins professionnelles. Que répondre à ces filles (c'est souvent des filles) qui n'ont pas de plan B, sinon de leur faire la liste des services d'aide en gestion d'études, gestion du stress, aide pédagogique, etc. ?

Je ne suis pas certaine que je veuille faire mes Sciences de la nature, mais je ne veux pas me fermer de portes.

Sous-entendu: Mes parents sont ingénieurs et n'acceptent pas que j'aie envie d'aller en Sciences humaines avec maths.

C'est déplorable, mais tellement fréquent! Le papa qui accompagnait sa fille m'a discrètement demandé d'inciter sa fille à choisir les sciences, car sinon, « le retour en arrière, serait impossible », ce qui est faux, si on accepte de passer une ou deux sessions de plus au cégep. Il m'a ensuite dit: « On manque de jeunes de sciences, il faut les encourager davantage à faire des sciences. » Et après: « Je veux qu'elle se garde toutes les portes ouvertes. »

Je bouillais! C'est déjà assez difficile de choisir sa voie à 16 ans. Si en plus, il faut faire attention de plaire à son papa docteur en génie électrique et à sa maman qui est aussi ingénieure, c'est le comble!

Sur le coup, tout ce que j'ai su dire au papa, c'est que les Sciences de la nature ouvrent en effet bien des portes... à la condition d'aimer ça!

Ce que j'aurais dû lui dire, devant sa fille, c'est qu'il ne devait pas faire porter à sa fille bien aimée le fardeau de la désaffection des jeunes face aux sciences, un problème qui existe dans plusieurs pays occidentaux, il me semble.

Mais bon, hier soir, c'était une opération charme. Pas un atelier sur les aptitudes parentales pour motiver et donner confiance à leurs enfants. Ce papa aurait été mon premier client.