5 février 2007

Cinq minutes de bonne conscience

Vous avez éteint vos lumières de 19h55 à 20h00 le 1er février dernier, comme l'Alliance pour la planète nous invitait à le faire ? Je ne sais trop quelle portée cette initiative française, nommée 5 minutes de répit pour la planète, a eue hors de l'Europe (où elle semble avoir été un succès), mais ici, au Québec, on peut croire que suffisamment de blogues et ou d'organismes environnementaux en ont parlé pour qu'une quantité non négligeable de citoyens soient au courant.

Je suis certaine du bien-fondé de telles actions, petits ou grands symboles, qui mettent l'avenir de la Terre à la une des journaux. Mais j'ai toujours peur que plusieurs personnes y voient là une façon rapide (5 minutes!) de se faire une bonne conscience écolo sans que rien ou presque ne change par la suite dans leur quotidien. Le lendemain du « 5 minutes », le vendredi 2 février, avez-vous redemandé à la direction de votre entreprise de mettre en place un système de récupération du papier, des canettes et des bouteilles ? Avez-vous réduit la durée de votre douche matinale ? Avez-vous apporté votre repas au bureau plutôt que d'aller manger dans un lieu de restauration rapide ?

Il me semble, au Québec, que l'on s'auto-congratule bien rapidement des moindres gestes environnementaux. Nos bacs bleus sont bien pleins ? Bravo, mais peut-être cela veut-il simplement dire que l'on achète trop de choses emballées... Les véhicules hybrides se vendent mieux ici qu'ailleurs au Canada ? Bravo, mais ça reste une voiture dont la fabrication a nécessité énormément d'énergie très rarement produite de façon propre...

Mes inquiétudes sur les risques de ce genre d'initiatives (qui sont nécessaires, je le répète) sont partagées par Alain Dubuc dans La Presse du 4 février dernier. Bien que je ne sois pas d'accord avec sa façon de présenter la plupart de ses exemples, je ne peux m'empêcher d'être un peu d'accord quand il écrit, au sujet du fait que la Ville de Montréal ait décidé de sévir contre les automobilistes qui font tourner leur moteur inutilement que

« ces mesures ont aussi la vertu de donner aux administrations municipales une image verte pour pas cher. »

Sauf que, si c'est parce que les gens ont le désir d'avoir bonne conscience qu'on réussit à faire des progrès sur le plan environnemental, pourquoi ne pas aller en ce sens ? Bien sûr, c'est encore mieux d'éduquer et de sensibiliser, mais comme il est de plus en plus clair que le climat de la planète risque d'être bouleversé dans un avenir assez rapproché, tous les petits gestes comptent vraiment. Pour autant que chaque personne en pose plusieurs à la fois, par contre.

Le soir du « 5 minutes », je n'ai pas fait l'effort de penser à éteindre symboliquement les lumières de la maison. Mon conjoint non plus. (Toutefois, comme nous étions tout juste rentrés de Paris et épuisés par le décalage horaire, à cette heure-là, nous étions déjà couchés ou sur le point de le faire. Alors, techniquement, les lumières étaient éteintes, mais ça ne compte pas.) Je ne savais pas trop quoi en penser sur le coup. Maintenant, si c'était à refaire, j'éteindrais. Symboliquement. Et je partagerais ce moment avec le petit Francis, 3 ans, qui aura à vivre longtemps sur cette planète qui, en effet, plus que jamais, a bien besoin d'un petit répit.


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